2013.02.13 10:27
« Vers la lumière » : 2e symposium pour une reconstruction autonome (le 11 mars, Will Aichi Center, Nagoya)
Le 11 mars 2012, un an après le grand séisme du nord-est du Japon, s'est tenu à Nagoya le deuxième symposium sur la reconstruction autonome intitulé « Vers la lumière ». Grâce à la présence de nombreux érudits venant de divers domaines qui firent le rapport de leurs actions de soutien aux zones sinistrées tout en mettant en avant les points problématiques et en soulevant les questions essentielles, ce symposium fut l'occasion pour tous les participants de réfléchir de manière significative sur leur devoir à l'avenir en tant que citoyens Japonais.
Après une ouverture solennelle avec la minute de silence conduite par le prêtre du sanctuaire de Wakamiya Hachiman, le prêtre du temple Togenji (préfecture d'Iwate) fit la lecture du sutra du cœur « Hannya Shingyo », et pour finir, Syed Tahir nous fit une présentation du Coran. Et tandis que chaque discours était ponctué par les voix d'anges de la chorale des écoliers, cette journée communiqua à tous un message de paix dépassant religions et frontières.
En outre, grâce au support de nombreux bénévoles, les invités ont pu déguster le curry pakistanais, le thé chaï et le dessert qui sont servis dans les zones sinistrées, et sont certainement repartis repus et heureux.
Nous ne couvrirons qu'une partie de l'ensemble des conférences, mais laissez-nous vous présenter un aperçu de ce symposium.
Ouverture
Discours d'ouverture
Yasuhiko Sata, président de Rentai Tohoku
Le symposium se tenait à Nagoya (préfecture d'Aichi) où Tahir, qui a fait preuve de tant de dévouement dans son aide au Tohoku, exerce ses activités au Japon. M. Sata a pris le rôle de « Sata Claus », et a inauguré ce symposium par de profonds remerciements à tous ceux qui nous soutiennent.
Minute de silence
M. Hitoshi Fukuno, prêtre du sanctuaire de Wakamiya Hachiman
M. Fukuno nous a fait part des paroles de l'Empereur à propos de la catastrophe, et a invité les participants à respecter une minute de silence, à la lumière des bougies.
Voici le poème composé par l'Empereur lors de la séance de lecture de poèmes du nouvel an de cette année :
● Prise de parole 1
M. Haruo Maiya, président de Maiya Ltd.(message vidéo)
M. Maiya s'est d'abord montré profondément reconnaissant de l'aide reçue de la part de personnes de tout le pays. Les projets de reconstruction sont en préparation et le déblayage des débris progresse, mais les inquiétudes des personnes sinistrées ne font que grandir. Il continue à agir sans abandonner le combat, et souhaite que les victimes de ce gigantesque tsunami ne soient pas oubliées. Sa chaîne de supermarchés, créée il y a 50 ans, a vu 6 de ses magasins entièrement détruits et accuse une perte de 7 milliards de yens de chiffre d'affaire. M. Maiya a perdu dans la catastrophe 16 employés, sa mère et la maison dans laquelle sa famille vivait depuis plusieurs générations. Son entreprise a dû temporairement licencier 350 salariés, mais est parvenue les réintégrer presque tous avant le mois de juillet.
● Prise de parole 2
M. Koji Ogawa, directeur de la Fondation des bourses Ashinaga
La Fondation Ashinaga est un organisme privé qui ne reçoit aucune aide de l'État et est entièrement financé par les dons. Alors qu'elle ne pouvait faire de prévisions sur ses ressources financières puisque la catastrophe est arrivée juste avant la rentrée scolaire, deux jours seulement après les évènements, elle a décidé de verser une « somme forfaitaire spéciale » aux orphelins du tsunami.
Comme elle a, par la suite, bénéficié de 4,8 milliards de yens de dons, elle verse en ce moment une somme de 2 millions de yens à chaque enfant. Un mois plus tard, elle mettait en place un « Bureau du Tohoku », et continue aujourd'hui à faire avancer son projet de construction de 5 centres de soins psychologiques pour ces orphelins, appelés « Tohoku Rainbow House ». Lors de cette présentation, s'exprimèrent également les garants de ces orphelins et leurs paroles suscitèrent beaucoup d'émotion parmi les participants.
● Prise de parole 3
M. Kiyoshi Ishikawa, directeur de l'hôpital no 2 de la Croix Rouge de Nagoya
Il nous présenta les activités de son hôpital, les enseignements tirés et les problèmes soulevés, lors d'une conférence intitulée : « En vue d'un rétablissement rapide des soins médicaux dans les zones sinistrées - L'apport de secours en cas de désastre, mission de la Croix Rouge ». À peine 80 minutes après le début de la catastrophe, un groupe d'intervention était mis en place et dès la fin de l'après-midi, une équipe de coalition de premiers secours se dirigeait vers Ishinomaki. Tous les hôpitaux unifièrent leurs ressources et avant la fin août, 228 travailleurs furent envoyés sur le terrain.
3 600 équipes furent dirigées sous les ordres du coordinateur médical de la préfecture de Miyagi, Tadashi Ishii, et les actions des travailleurs de la Croix Rouge Japonaise d'Ishinomaki, eux-mêmes victimes de la catastrophe, révélèrent un dévouement exemplaire au sein de la profession médicale. L'Institut ACT pour la médecine des désastres à été créé, regroupant les experts en soins médicaux liés aux catastrophes naturelles qui ont participé aux équipes de secours de la zone d'Ishinomaki.
Vu l'importance que prendront à l'avenir les soins psychologiques, le moment du retrait des équipes de support médical est une période difficile, mais même après la fin de l'apport d'aide aux sinistrés, ceux-ci ne seront jamais oubliés.
● Prise de parole 4
M. Tetsuya Banno, directeur de la Clinique Ishiki
Après avoir passé en revue les activités de la JMAT (Japan Medical Association Team), équipe de soins médicaux agissant dans les zones sinistrées, dans les 6 centres d'évacuation de la ville d'Iwaki (préfecture de Fukushima), M. Banno a énoncé les points importants concernant les activités futures de la JMAT.
La JMAT désigne les équipes de médecine des désastres qui agissent dans les zones sinistrées, dans lesquelles les associations médicales préfectorales, au nom de l'Association Médicale du Japon, orchestrent les associations municipales par unité. Leur rôle est d'apporter leur soutien dans le domaine des soins médicaux continus pour les maladies subaigües et chroniques, en collaboration avec les associations médicales des zones sinistrées. (DMAT : Équipe d'assistance médicale pour les désastres.)
● Lecture de sutras
M. Ryouki Sato, prêtre du temple de Sotoshu Togenji (Ichonoseki, préfecture d'Iwate)
M. Sato, qui a lui-même été victime du désastre mais a miraculeusement survécu, a lu le sutra du cœur « Hannya Shingyo » pour le repos des âmes défuntes.
● Chorale
École primaire associée à l'Université Sugiyama Jogakuen, élèves de 2e année
Le chorale a chanté 3 chansons, mais la dernière « We are the World » en particulier, a suscité le rappel du public. Le message chaleureux transmis par tous ces enfants fut porteur d'espoir pour l'avenir.
● Exposé introductif
M. Shigemi Kitahara, président de l'Institut Neurochirurgical Kitahara (KNI)
The title of the talk was 'The day hospitals save Tohoku - In order to save this country from collapse'.
Le problème des soins médicaux du Japon et de la sécurité sociale fut soulevé dans une présentation intitulée « Le jour où l'hôpital sauve le Tohoku... afin de sauver le pays de la dévastation ». Après avoir exposé les raisons pour lesquelles le Japon est maintenant « au bord du précipice », et les mesures qui permettraient de sauver le pays de la dévastation médicale, M. Kitahara nous présenta les approches diverses et variées du KNI, institut également à l'origine d'actions non médicales de développement au Japon comme à l'étranger en collaboration avec le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie.
Selon lui, les deux vecteurs qui changeront la société sont une croyance sans faille dans la réalisation des idées, et une prise de conscience commune par les citoyens suivie d'une réflexion sur les actions à entreprendre pour demain.
● Exposé introductif 2
M. Tadanobu Okuyama, directeur du département de gestion de l'Université Saitama Gakuen (administrateur de Rentai Tohoku)
The title of the talk was 'Tohoku regeneration - disaster and yet another crisis'.
Intitulant son discours « La reconstruction du Tohoku, le désastre, et un danger supplémentaire », M. Okuyama nous présenta des propositions de politique nationale d'un point de vue économique.
- Les grandes lignes en furent les suivantes. Le sang-froid et l'ordre dans lesquels ont réagi les habitants des zones sinistrées méritent l'admiration, mais d'un autre côté, on peut sentir s'installer le doute et la colère envers un système national qui s'est révélé biaisé (les sphères académiques, les médias, la bureaucratie, le Gouvernement).
- Aujourd'hui, le Gouvernement japonais est en voie de se retrouver en cessation de paiement de dette, et il est nécessaire que la Banque du Japon prenne des mesures au plus vite.
● Débat d'idées
Nous avons demandé à chacun des conférenciers, ainsi qu'à M. Yasuo Eba, président d'Eba Corporation, l'archiprêtre M. Sato, et M. Yutaka Kobayashi, directeur du département de chirurgie de l'hôpital général Sakura, d'échanger leurs idées concernant la reconstruction du Tohoku et plus largement du Japon à l'avenir.
M. Eba, avec la parabole suivante : « Il n'existe pas de ténèbres en ce monde, ce qui semble être des ténèbres, n'est qu'une ombre, et l'ombre et la lumière ne font qu'un », met l'accent sur la nécessité d'une aide visant à un développement autonome pour ce monde qui commence à dépérir.
M. Kobayashi, fort de son expérience lors du tremblement de terre de Hanshin-Awaji où il entra dans Kobe pour porter secours aux victimes avant même les Forces d'Auto-Défense, nous a raconté qu'il s'était dirigé vers la préfecture de Miyagi avec les ambulances et les infirmiers de l'hôpital général Sakura, institution privée.
Malgré le manque d'information au quartier général d'intervention d'urgence, il accomplit ses devoirs de chirurgien en s'appuyant sur les informations fournies par les secours et sur son propre instinct, sans attendre les décisions du Gouvernement, et prit conscience de la différence avec les blessés du tremblement de terre de Hanshin-Awaji, et de l'importance des opérations d'investigation permettant de rendre les corps des défunts au plus vite à leur famille.
Il précisa également qu'il était important que la ferveur qui entoure la reconstruction ne retombe pas, que l'action continue, et que lui-même aidait le Tohoku entre autres en achetant et en vendant des biens depuis les régions sinistrées.
● En conclusion du symposium
Rentai Tohoku a mis en place des actions de soutien autonomes se focalisant surtout sur la santé psychologique des sinistrés en leur offrant des repas en extérieur.
L'altruisme, qui est un trait de caractère particulier aux Japonais, toujours emprunts d'une grande politesse et qui souhaitent le bonheur des autres autant que le leur, est ce qui sauve le Japon. Donnons de l'importance à cette belle pensée. Toutes les religions sont par principe un altruisme. Le Japon connaît aujourd'hui un état de crise, aussi bien politique qu'économique. L'autonomie du Tohoku permettra de sauver le Japon, et de sauver le monde. Nos actions aussi se tournent vers le monde, et nous souhaitons agrandir notre champ d'action, de la solidarité envers Tohoku (nort-est) à la solidarité envers les régions du nord, du sud, de l'est comme de l'ouest.
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2013.02.13 10:27 admin